« Les coopératives gagneraient à s’ouvrir au monde de la recherche et réciproquement »

Maryline Filippi, professeure d’économie, rédactrice en cheffe de la Recma et membre du comité de recherche de l’ACI Europe

« La construction d’un modèle statistique commun pourrait nettement améliorer la connaissance de cet ensemble d’organisations et permettre de mieux estimer son impact économique et social. »

maryline filippi

Comme pour l'économie sociale et solidaire, la production de données chiffrées est un enjeu majeur technique, statistique et politique pour les coopératives. Maryline Filippi est catégorique : les coopératives ne sont pas étudiées à leur juste valeur en France.

« Sur ce sujet, notre pays est très en retard par rapport à l’Allemagne ou aux États-Unis. Les coopératives gagneraient à s’ouvrir au monde de la recherche et réciproquement. Si l’on compare les gouvernances capitalistes et coopératives, ces dernières ne sont quasiment pas étudiées. Le mouvement coopératif français est confronté à une méconnaissance et à une mauvaise perception de son modèle économique aussi bien par les autorités publiques que par le grand public.

Même si la loi relative à l’Économie sociale et solidaire (ESS), promulguée en juillet 2014, a pu améliorer sa visibilité, cette recherche de reconnaissance est toujours d’actualité. Longtemps considérées comme des entreprises non rentables, il y a un réel enjeu de mener des recherches sur la gouvernance, les indicateurs appropriés de performance, la valeur ajoutée coopérative, etc. Il serait intéressant de créer et de développer des indicateurs de mesures adaptés aux coopératives tout comme, au niveau international, de coordonner et de faire converger les systèmes statistiques de chaque pays. La construction d’un modèle statistique commun pourrait nettement améliorer la connaissance de cet ensemble d’organisations et permettre de mieux estimer son impact économique et social. »