Bruno Colin, Directeur général de Vegafruits
COOPERATIVE AGRICOLE

Bruno Colin

Directeur général de Vegafruits

Créer un projet collectif régional pour de nouvelles plantations d’arbres fruitiers

Vegafruits est le bureau commercial de trois coopératives fruitières, qui se sont réunies en 1991, alors qu’elles étaient auparavant en concurrence : Jardins de Lorraine, Vergers de Lorraine et Coteaux lorrains. Le bureau est installé à Saint-Nicolas du Port (Meurthe-et-Moselle) pour faire la promotion de la mirabelle de Lorraine. L’ensemble regroupe 200 producteurs pour 100 exploitations agricoles, avec 10 000 tonnes de fruits produits pour un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros. Vegafruits représente 40 % du marché de la mirabelle.

« Les coopératives se sont rassemblées pour trouver de nouveaux débouchés à leurs produits. A la fin des années 1990, nous avons fait des visites d’études au Chili et aux Etats-Unis et nous avons ensuite proposé plusieurs initiatives : étiquette Mirabelles de Lorraine en 1996, obtention de l’Indication géographique protégée, atelier de surgélation sur le site en 2004, recherche marketing de nouveaux modes de consommation en 2009, atelier de fabrication de compotes en 2014. Sans le regroupement des coopératives, la filière mirabelle n’existerait presque plus. Elles ne pouvaient pas rester seules dans leur coin. Nous avons remonté la filière pour un fruit fragile, qui n’existait auparavant que très peu de temps dans les rayons, avec des mirabelliers qui ne produisent qu’au bout de sept ans et qui n’ont qu’une durée de vie de quarante ans.

Cette stratégie est aussi le moyen d’assurer un revenu stable et disponible pour les producteurs. Aujourd’hui, Vegafruits réalise, avec les fruits de ses adhérents, 50 % de ventes en fruits frais (un quart est vendu à l’export et les trois quarts en France dans la grande distribution et sur les marchés) et 50 % de ventes en fruits transformés. Vegafruits est la courroie de transmission entre les producteurs et les consommateurs. Nous avons mis en place une stratégie du fruit Beau, bon et naturel, que nous mettons en avant, avec le support d’une agence de communication. Les deux piliers de cette stratégie sont l’innovation et la communication, qui ont des lignes budgétaires réservées : 100 000 euros tous les ans pour la recherche-développement. Par ailleurs, Vegafruits a la présidence du CRITT (centre régional d’innovation et de transfert de technologie) Agria Lorraine.

Toutes ces initiatives ont participé à la relance de la mirabelle sur notre territoire, avec une demande croissante des consommateurs. Pour répondre à cette demande, nous avons lancé en Lorraine le projet Dare-Dare (pour Dynamisation arboricole régional) pour redynamiser la filière des arbres fruitiers. Nous sommes soutenus pour cela par le Conseil régional depuis 2013 et nous travaillons avec l’ensemble des arboriculteurs régionaux. Il s’agit d’un regroupement informel, qui a pour but de développer les vergers, de développer les investissements, d’innover, d’améliorer les circuits de distribution et de créer des emplois. Vegafruits occupe une place importante dans ce dispositif, avec deux-tiers des producteurs. 120 nouveaux hectares sont d’ores et déjà consacrés aux mirabelliers. Il s’agit de coopérer pour être compétitifs. Dare-Dare pourrait aussi nous permettre d’accéder à certaines aides dans l’innovation.

« La coopérative est l’interface parfaite entre la production agricole et la consommation. »

Vegafruits ou le projet Dare-Dare démontrent qu’on ne peut pas innover seul dans son exploitation. La coopérative fait la réussite ; c’est la première clé du succès. La coopérative est l’interface parfaite entre la production agricole et la consommation. Cela donne aussi une culture commune à tous nos membres. Nous sommes partis d’une démarche très commerciale pour aboutir à des idées innovantes, certaines qui marchent, comme Minute fruitée (des sachets de fruits pour les entreprises), d’autres un peu moins bien (comme les fruits lyophilisés, qui devaient remplacer les bonbons). De tous temps, notre métier de producteur de fruits consistait à s’adapter aux aléas climatiques, aujourd’hui, on s’adapte aussi dans l’urgence aux évolutions du marché ! »

Janvier 2016