Des initiatives solidaires : la différence coopérative

Solidarités nationales et locales

Les entreprises coopératives ont participé à la solidarité nationale, dans la fabrication ou le don de masques, visières et matériels de protection, de gel hydroalcoolique mais elles ont aussi agi localement pour répondre aux besoins de leurs sociétaires, de leurs clients, de leurs partenaires, de leurs concitoyens.

Les exemples ne manquent pas.

Mobilisation du savoir-faire des Scop et des Scic

Au moins une quinzaine de Scop et Scic sur tout le territoire ont mis leur savoir-faire au service de l’intérêt général, en fabriquant des masques, des rubans élastiques, des visières de protections, du gel hydroalcoolique… comme Alterosac en Haute-Savoie, Scop de couturières dont la fabrication de sacs en lin a été stoppée et qui ont décidé de fabriquer des masques en coton bio. Chez Fontanille, fabricant de dentelles élastiques et fixations en silicone, la décision a été prise collectivement de mettre son ingénierie textile dans la fabrication de rubans élastiques pour la réalisation de masques. La réactivité est la marque de fabrique de cette entreprise cent-cinquantenaire, reprise en Scop par ses salariés en 2012. Elle avait su réorienter sa fabrication de rubans pour la mode ou les industries aéronautiques et pneumatiques. Pour faire face à la crise, elle a maintenu son activité pour fournir les entreprises du secteur médical, y compris à l’export.

focus coop des masques

Les grandes coopératives agricoles au rendez-vous

Les grands groupes coopératifs sucriers, comme Tereos et Cristal, ont quant à eux immédiatement réagi en réorientant leur production d’alcool pour assurer un approvisionnement du pays en gel hydroalcoolique.
Tereos a engagé cinq de ses usines dans la production de gel hydroalcoolique : à Artenay (Loiret), Origny-Sainte-Benoite (Aisne), Lillers (Pas-de-Calais), Morains (Marne) et Nesle (Somme) situées dans le Nord, le Grand Est et le Centre. Cristal Union a décidé d’arrêter sa production de bioéthanol à la distillerie d’Arcis-sur-Aube (Aube) pour se concentrer exclusivement à la production d’alcool « Surfin 96 » à destination du secteur de de l'industrie pharmaceutique.

Dans l’Aube, Cristal Union s’est concentrée sur la production d’alcool à destination de l’industrie pharmaceutique.

Ancrées par nature sur leur territoire, les coopératives agricoles ont été solidaires des soignants et de toutes les personnes qui ont continué de travailler pour faire tourner le pays. Production de gel hydroalcoolique mais aussi dons de produits agricoles, de masques ou d’équipements aux soignants, accueil des chauffeurs routiers… Euralis, Delpeyrat, Terrena, Sodiaal, Vivescia, Arterris, Maïsadour, Limagrain, Cooperl… toutes les grandes coopératives agricoles se sont mobilisées.

Le 23 mars, Les Maîtres Laitiers du Cotentin annoncent, dans une lettre titrée « soutien au personnel soignant », qu’ils font don de 20 tonnes de marchandises à destination des hôpitaux publics de la Manche et du Calvados, la plupart des Ehpad et maisons de retraite ainsi que les cliniques privées.

« Les Maîtres Laitiers du Cotentin, ancrés sur notre territoire normand avec nos 1 200 producteurs sociétaires et nos 800 salariés sur nos usines de Sottevast, Méautis et Valognes, souhaitaient témoigner par ces colis en dons aux professionnels de santé, tout leur accompagnement et confirmer leur engagement à vos côtés dans cette crise sanitaire sans précédent. »

Logement : l’entraide coopérative au service des plus vulnérables

En matière de logement, les coopératives HLM ont appliqué leurs valeurs d’entraide, par exemple en contactant les locataires seniors les plus vulnérables pour les aider à passer cette période difficile et prendre de leurs nouvelles, par exemple Habitat de l’Ill, en partenariat avec l’association Aide Aux Anciens en Alsace, Espacil en Bretagne, Groupe des Chalets en Occitanie, en organisant la solidarité entre voisins comme Gennevilliers Habitat en Ile-de-France, etc.

focus groupe gambetta

Soutien des banques coopératives au secteur hospitalier, du handicap, aux Ehpad…

Les banques coopératives ont été particulièrement solidaires avec le milieu hospitalier : plans de soutiens au secteur hospitalier, dons de masques, de respirateurs aux hôpitaux, soutiens de projets solidaires, etc.

Premier financeur privé du secteur hospitalier public, les Caisses d’Epargne se sont mobilisées pour répondre aux nouveaux enjeux de l’hôpital liés à la crise sanitaire avec un plan d’accompagnement de grande ampleur, assorti d’une enveloppe de financement de 1 milliard d’euros (crédits de trésorerie mobilisables en 48h, offre de financement moyen et long termes, solution de crédit pour les besoins d’investissement à très long terme). La Caisse d’Epargne Ile-de-France a, par exemple, ouvert une enveloppe de 100 millions de crédits de trésorerie à l’attention des établissements publics de Santé pour faire face aux difficultés de trésorerie des hôpitaux franciliens provoqués par la crise sanitaire.

Le Crédit Coopératif s’est quant à lui particulièrement engagé sur le champ du handicap, en mobilisant des participations exceptionnelles pour l’UNAPEI, APF France Handicap et dans un fonds d’urgence Covid créé par le CCAH, Comité national coordination handicap.

La Fondation Crédit Agricole Solidarité et Développement a choisi spécifiquement de soutenir les personnes âgées, très impactées par la crise sanitaire, en débloquant dès les premières semaines un plan d’urgence de 22 millions d’euros porté par l’ensemble du groupe. Avec l’opération « Tous mobilisés pour nos aînés », elle a pu mettre en place un important soutien matériel, avec le concours des grands acteurs de l’aide à domicile et des réseaux d’Ehpad à but non lucratif. Un don de 10 500 tablettes et 2 700 bornes wifi à 2 200 Ehpad, pour permettre aux seniors de maintenir un lien pendant le confinement avec leurs proches. Un million a également été versé à la Fehap, ainsi qu’au réseau ADMR, spécialisé dans l’aide à domicile. Et un appel à initiatives locales a permis à 402 000 bénéficiaires d’être soutenus à hauteur de 9,5 millions d’euros.

Le commerce coopératif donne la priorité au personnel soignant

Priorité a également été donnée au personnel soignant dans les magasins des coopératives de commerçants. Dès le 23 mars, les soignants ont bénéficié d’un accès prioritaire dans les supermarchés des enseignes U et E. Leclerc qui ont mis tout en œuvre pour faciliter leur accès aux courses alimentaires. Des « drive spécial soignants » ont également été mis en place.

Le commerce coopératif, hors alimentaire, a également multiplié les actions, comme par exemple les enseignes d’opticiens Atol et Optic 2000 qui ont fait don de masques de protection aux hôpitaux d’Anthony, Beaune et Clamart. Des solutions d’hébergements ont été proposées par les hôteliers de la coopérative The Originals qui se sont portés volontaires pour héberger les personnels soignants et professionnels de santé. A travers sa Fondation, le réseau immobilier L’Adresse a, quant à lui, lancé une plateforme gratuite de mise à disposition de logements pour le personnel soignant.
Les coopératives de pharmaciens ont immédiatement mis en place des actions de soutien : cellule de crise pour les Pharmaciens Associés (6 800 sociétaires) afin d’accompagner ses adhérents au quotidien, dispositif d’accompagnement pour Giropharm (580 officines), mobilisation sur l’approvisionnement Giphar (1 800 pharmaciens).

focus occe

POUR EN SAVOIR PLUS [lien]
PILI, la web radio de l’OCCE [lien]

SOLIDARITÉ COOPÉRATIVE

Présentes dans presque tous les secteurs d’activité économique, sociale et culturelle, les entreprises coopératives subissent le sort commun des acteurs économiques. Mais elles ont des atouts intrinsèques à leur statut d’entreprise : une meilleure trésorerie, une solidarité entre membres et une mutualisation de moyens pour faire face à la crise.

Solidarité entre coopérateurs : la force du collectif

Interrogés par la Fédération des coopératives et groupements d’artisans (FFCGA) en juin dernier, les artisans-coopérateurs ont témoigné de l’engagement coopératif, le service aux adhérents et l’« esprit coopératif » (solidarité, proximité, partage…). Parmi les sept principes coopératifs, trois ont, selon eux, pris tout leur sens pendant la crise : l’autonomie et l’indépendance, l’engagement envers la communauté et la coopération avec les autres coopératives.

Le commerce (hors distribution alimentaire) a été particulièrement touché mais a su montrer la force de son modèle. Chaque chef d’entreprise a ainsi pu bénéficier d’un collectif fort, par la création notamment de plans d’urgence par les équipes des têtes de réseaux afin d’accompagner les entrepreneurs (sur le plan financier, juridique et réglementaires notamment). Les coopérateurs ont dû s’adapter sur le terrain et également au niveau du réseau concernant les temps forts de l’année. Les assemblées générales, qui se tiennent classiquement en présentiel, bénéficient, jusqu’au 30 novembre inclus, des assouplissements des conditions de réunion liés au contexte de crise et prévus par ordonnance. Certaines ont ainsi pu parfois être organisées à huis clos mais la plupart ont opté pour le format dématérialisé.

INTERVIEW

Michel Houel, co-créateur en 2016 de la Coopérative des pisciniers [coopérative de commerçants]

Michel Houel coopérative des pisciniers
« Le lundi 16 mars 2020, nous étions en assemblée générale. Nous avons écouté ensemble l’allocution du Président de la République nous annonçant que nous allions être tous confinés. Nous savions que, dès le lendemain, notre activité allait être arrêtée. A ce moment précis, notre coopérative a pris tout son sens. Un système d’échanges et d’entraide assez impressionnant s’est mis en place naturellement. Les adhérents qui avaient des entreprises plus importantes ont permis à tous de bénéficier des bons conseils de leurs experts-comptables. D’autres ont partagé leurs expériences avec leurs assureurs. Si bien qu’au final, la moitié des associés de La Coopérative des Pisciniers a pu obtenir des compensations auprès de leurs assureurs. La solidarité entre nous a été à son paroxysme sur cette période. »

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Chiffres clés :
  • 7 millions d’euros de volume d’achats en commun
  • 33 coopérateurs
  • 1 salariée au siège
  • Effectif consolidé pour l’ensemble des entreprises associées : 225 salariés

Création en 2 jours d’un Prêt participatif d’entraide et solidaire pour les Scop

Le Mouvement Scop s’est fortement mobilisé pour répondre le plus rapidement aux besoins de ses adhérents. Par l’intermédiaire de son holding financière Socoden, il a créé en deux jours un Prêt participatif d’entraide et solidaire (PPES) afin de soutenir la trésorerie des Scop et Scic. Près de 3 millions d’euros ont ainsi pu être mis à disposition, auxquels il faut ajouter les reports d’échéances de prêts participatifs Socoden (plus d’un million d’euros). Le PPES s’est avéré être un formidable outil de solidarité, alimenté par les cotisations des Scop et des Scic adhérentes.

La solidarité interne a également immédiatement fonctionné et permis de rebondir après la période de confinement. Tri Martolod, brasserie du Finistère, a décidé de se lancer dans de nouveaux projets, dont la construction d’un lieu collectif. « La crise nous renforce dans la fidélité à nos valeurs », témoigne son gérant Mikaël Le Breton. Chez GBM, une miroiterie de Limoges, la solidarité des salariés, dans un premier temps avec la fabrication de plexiglas pour les commerces locaux, s’est exprimée également en interne, avec la fermeture estivale réduite à quinze jours au lieu de 3 semaines. Autant de stratégies solidaires pour une relance rapide. 2/3 des Scop ont repris progressivement après le 11 mai.

focus Biocoop Scarabée

Sources :
Articles parus sur les sites internet et réseaux sociaux des membres de Coop FR
Participer, magazine des Scop : N° 674 et 675

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